Cette startup en pleine expansion depuis sa création achève ce mois-ci une levée de fonds de 15 millions d’euros.
Rencontre avec Léonore Perrin, chargée de Communication, qui révèle les coulisses de cette levée de fonds marquante.
Quel est le chemin parcouru par Phenix depuis sa création en 2014 ?
Avant de créer Phenix, Jean Moreau et Baptiste Corval ont lancé un premier projet de startup qui a vite avorté à cause d’un problème de gouvernance avec le troisième associé.
Forts de cette expérience et ayant tiré les leçons de cet échec entrepreneurial, Jean et Baptiste ont lancé Phénix en 2014 avec un capital de 1000 euros !
Il s’agissait donc d’un projet réellement ambitieux mais qui a vite pris puisque l’équipe a rapidement grandi. Désormais nous sommes 100 collaborateurs. Niveau croissance, elle double chaque année avec notamment une accélération en 2017. En 2017 le chiffre d’affaires réalisé était de 4,5 millions d’euros. En 2018, nous attendons un chiffre d’affaires de 10 millions d’euros. Nous sommes désormais présents dans 21 antennes et nous traitons 50 tonnes de déchets par jour.
Quels sont les objectifs à atteindre suite à cette levée de fonds ? Avec 15 millions d’euros, pleins de beaux projets peuvent être envisagés ?
Nous avons 3 objectifs principaux.
Tout d’abord, étendre l’offre à l’étranger. Nous souhaitons ouvrir sur les pays limitrophes en Europe et si les planètes sont alignées nous voulons également tester l’offre aux Etats-Unis.
Ensuite, nous souhaitons proposer d’autres filières pour d’autres déchets. Nous voulons aider nos clients à exploiter de nouvelles ressources. Par exemple, nous entamons un vaste chantier avec l’emballage plastique. L’idée est de faire partir tous les plastique qui emballent les produits reçus par les entreprises dans des filières adéquates et en circuit court.
Enfin, nous voulons développer le B2C. Nous créons actuellement un réseau d’épiceries indépendant dédié à la réduction du gaspillage. Ces épiceries s’appellent « Nous ». Tous les produits vendus aux consommateurs sont sauvés du gaspillage. Par exemple, au printemps les chèvres produisent plus de lait et les éleveurs se retrouvent avec du lait de chèvre en trop. Le but est de racheter à prix juste cet excédent de production pour le revendre ensuite dans les épiceries « Nous ».
C’est un vrai projet ambitieux. Pour le moment, nous avons une épicerie à Rennes et une seconde à Rouen. Il y a également un pendant digital avec une application qui est en train d’être développée.
Comment avez-vous réussi à gérer cette levée de fond ? Combien de temps a-t-elle pris ?
Cela fait 6 mois que nous parlons de cette levée de fonds. Nous avons eu la bonne surprise que des investisseurs traditionnels s’intéressent à nous. Il n’y a pas eu que des fonds à impact qui nous ont contacté. Parmi tous ces acteurs, nous avons choisi ceux qui investissent dans l’écologie, l’environnement. Par exemple, nous avons choisi ETF partners à Londres qui nous donne une stature internationale. Nous avons également souhaité travailler avec Bpifrance qui s’intéresse à des problèmes généraux de fond.
Comment avez-vous réussi à convaincre ces investisseurs ?
Ce qui les a convaincus, c’est le fait d’avoir une aussi grande équipe après seulement 4 ans d’existence. Ce n’est pas habituel de rencontrer une startup avec 100 employés et qui plus est aussi motivés et mobilisés.
Par ailleurs, les négociations se sont beaucoup jouées sur les chiffres et les projections.
Vous êtes Alumni de Smart Food Paris, que conseillez-vous aux nouvelles recrues de la nouvelle promotion ?
C’est un peu large comme question ! Plus sérieusement, en terme de levée de fonds, il ne faut pas avoir peur de se lancer et d’être ambitieux. Nous, nous sommes dans l’ESS et ce n’était vraiment pas commun de voir des levées de fonds importantes et pourtant ça ne nous a pas découragés, bien au contraire.
Pour revenir à l’accompagnement Smart Food, Economie circulaire et Paris&Co plus largement, qu’en retenez-vous ?
Nous avons beaucoup apprécié l’originalité dans la structure de l’incubateur, que ce soit chez Smart Food Paris mais aussi Economie Circulaire. Nous avons pu rencontrer E.Leclerc, qui est désormais l’un de nos clients.
La structure verticale des incubateurs nous a permis de faire des rencontres intéressantes avec des startups ou d’autres métiers.
C’est un accompagnement pertinent et cohérent car il n’y a pas de perte d’énergie ni de temps. Chaque atelier proposé est utile.