En bref

Planctonid Environnement, une technologie disruptive pour cultiver et démocratiser les microalgues

Quel est le concept de Planctonid Environnement en quelques mots ?

Planctonid Environnement est une entreprise de biotechnologies spécialisée dans la production de microalgues, qui ont un double intérêt pour l’environnement et notre santé. Les microalgues sont tout d’abord le premier maillon de la chaîne alimentaire marine et constituent les poumons de la planète. Grâce à la photosynthèse, elles absorbent le dioxyde de carbone (CO2) présent dans les mers et océans puis le transforment en oxygène. Elles jouent donc un rôle essentiel dans la régulation du climat.
Elles sont, d’autre part, considérées comme superaliments (superfoods) car elles sont riches en acides aminés et nutriments essentiels, comme les vitamines ou oligo-éléments, mais elles contiennent aussi 40 à 60% de protéines végétales et ont un très bon ratio oméga 3/oméga 6. Elles constituent donc un allié indispensable à notre santé.  
Chez Planctonid Environnement, nous avons donc mis au point une technologie disruptive et à haute productivité, les photobioréacteurs, qui permettent de produire des microalgues à grande échelle et à faible coût. Et, notre pari c’est de se dire que si, à l’image des agriculteurs, nous produisons des microalgues sur des hectares, nous pourrons changer les habitudes alimentaires françaises, européennes et mondiales. Les microalgues peuvent en effet être incorporées dans de nombreuses recettes et constituent une alternative saine, durable et tangible, à d’autres ingrédients tels que l’huile de palme ou autres substituts qui n’ont aucune valeur nutritive.

Quelle est l’avancée de votre projet aujourd’hui ?

Aujourd’hui, nous avons commencé la production des biomasses microalguales au niveau industriel. Nous venons d’ouvrir un centre à St Nazaire et nous avons un autre centre en Espagne à Alicante. En parallèle, nous sommes entrés dans une phase d’analyse et d’inclusion de nos microalgues dans l’alimentation humaine et animale, d’où l’intérêt pour nous d’être chez Smart Food Paris et d’avoir tout un relais, un réseau, pour pouvoir évangéliser, éduquer et se connecter avec différentes parties prenantes sur ces sujets-là.

Pourriez-vous revenir sur l’histoire de ce projet ?

Alors ce projet c’est avant tout l’histoire de copains, d’une rencontre qui ne date pas d’hier ! En 2006, lorsque je travaillais chez General Electric, j’ai croisé le chemin d’un éminent biologiste marin, Cristian Gomis Catala, le premier à avoir créé des usines microalguales d’une importance mondiale. A l’époque, il était venu me voir car je gérais une banque et il avait besoin de financements pour mettre au point des photobioréacteurs. Nous sommes restés en contact et, une dizaine d’années plus tard, alors qu’il y avait toute une mise en lumière sur la résilience des villes et l’importance d’une alimentation plus saine lors de la COP21, il m’a contacté et m’a dit « écoute Stéphane, prend en main le sujet des microalgues et porte la technologie car c’est maintenant que les choses bougent à Paris ». Et c’est ainsi que nous avons lancé Planctonid Environnement en 2018.

Quels sont les métiers représentés dans votre entreprise ?

Nous avons 3 profils : des ingénieurs, des biologistes et des producteurs, dont le métier est de massifier la production de microalgues. Nous n’avons pas de profil orienté « food » car nous ne créons pas de recettes à partir des microalgues que nous cultivons, comme le font la plupart des entreprises françaises du secteur. C’est pour cela qu’aujourd’hui notre enjeu principal est de nouer des partenariats afin d’être accompagnés sur ce sujet-là.  

Au-delà des partenariats, pour quelle(s) autre(s) raison(s) avez-vous souhaité rejoindre Smart Food Paris ?

Être incubé chez Smart Food Paris c’est avant tout nous éduquer. Encore une fois, notre métier c’est de cultiver de manière industrielle, massive, saine et biologique de la biomasse microalguale, mais nous devons encore développer son utilité dans la chaîne alimentaire, démocratiser son utilisation, et nous pensons que Smart Food Paris peut nous y aider de manière pertinente grâce à l’ensemble de ses services et intervenants.

Vous êtes également accompagnés par la plateforme Ville Durable de Paris&Co ; pourriez-vous nous dire quel est selon vous l’intérêt de cette double incubation ?

Une des particularités de notre technologie est de pouvoir cultiver des microalgues à grande échelle tout en utilisant peu d’espace au sol. Notre production dans des structures verticales permet donc d’accroître la résilience et l’autonomie alimentaire des villes. D’où l’intérêt de rejoindre Ville Durable, qui accompagne des projets participant à la construction des villes de demain. Planctonid Environnement s’inscrit pleinement dans les valeurs de la plateforme car nous créons des emplois locaux et nous favorisons l’approvisionnement en circuit-court avec une culture des microalgues au plus proche des citadins. Un autre point important : notre méthode de production est très respectueuse de l’environnement car nous ne consommons pas d’eau et nos photobioréacteurs captent massivement du dioxyde de carbone. Lorsque nous produisons 1kg de masse microalguale, nous capturons 2kg de CO2 et nous libérons 2kg d’oxygène dans l’air, donc l’équation envers le climat est très positive.

Vous avez d’ailleurs obtenu le prix de la meilleure startup européenne pour la préservation des eaux et de l’air à la COP25 Start-up Europe Awards ?

Oui, cela a été une très belle surprise d’être élue startup la plus innovante dans le domaine ! Nous avions déjà participé ponctuellement à quelques challenges de l’Union Européenne mais là notre technologie a réellement été reconnue par un panel de sachants qui nous a honoré, donc nous sommes très satisfaits. Nous sommes d’ailleurs suivis et accompagnés dans notre développement par des organismes de l’Union Européenne.

Avez-vous rencontré des difficultés particulières dans la mise en œuvre de votre projet?

Comme tout projet entrepreneurial, nous avons rencontré de nombreuses difficultés sur la compréhension du marché, le financement, la communication… mais aujourd’hui notre plus grand challenge, et c’est aussi ce qui nous anime au quotidien, c’est de transformer et évangéliser le marché pour que la matière microalguale soit acceptée à la fois par les industriels et les consommateurs. Pour les consommateurs, cela passe par la mise en avant de l’apport nutritif hors du commun des microalgues mais aussi l’éducation au goût, alors que pour les industriels l’enjeu concerne plutôt l’élaboration des recettes et surtout l’insertion des microalgues dans leur chaîne de production. Et je ne vous cache pas que c’est un challenge assez compliqué !

Comment faites-vous pour relever ce défi ?

Nous avons tissé des partenariats avec de grands chefs cuisiniers et nous sommes en contact avec différents industriels pour leur faire part de nos avancées, et ils nous regardent avec intérêt, mais nous n’avons pas encore franchi le pas sur un accord-cadre, car ce n’est pas simple de naviguer dans ces grandes organisations.

Quel est votre regard sur le marché des superaliments ?

Il y a tellement de choses à inventer et développer avec les superaliments ! Par exemple, les microalgues peuvent permettre la création d’alternatives vegan à certains produits alimentaires car elles ont un excellent apport en protéines végétales et en oméga 3/6. Il faut donc changer nos habitudes et insérer davantage ces superfoods dans l’alimentation humaine comme animale. Pour cela, il faut avoir une production suffisante ; et c’est le combat que nous menons chez Planctonid Environnement.

 

Bandeau Portrait Food

Quel serait votre portrait food ? Si vous étiez un plat ? une épice ?

Si nous étions un plat, nous serions une gelée de microalgues, car nous travaillons actuellement sur la mise au point de cette recette.

Ensuite, la microalgue est déjà une épice en soit, un assaisonnement qui sublime les plats. Nous travaillons d’ailleurs sur un condiment de microalgues qui permettrait de relever un plat comme le sel ou le poivre.

Quelle est votre recette fétiche ?

J’en ai plusieurs mais si je devais en choisir une seule je dirais les confitures ! J’en fait beaucoup, notamment à la pêche, et j’adore ça.

Auriez-vous un restaurant, une pâtisserie ou un bon plan food à nous conseiller à Paris ?

Bien sûr ! Derrière ma passion pour les confitures, il y a une personne que j’admire beaucoup, c’est Jean-Christophe Michelet, double champion du monde des confituriers. Ses confitures sont exceptionnelles et à tester absolument ! D’ailleurs, il va prochainement lancer une gamme de confitures sans sucre…